Je suis depuis toujours attirée par tout ce qui touche à la création artistique et en particulier par la peinture. Adolescente, j’ai été fortement impressionnée et influencée par Vincent Van Gogh ou Paul Cézanne. Le premier m’a conduite à tenter les effets de matière, le second à m’essayer aux dégradés de couleurs en touches juxtaposées. Peindre était pour moi un passe-temps intime sans aucune prétention artistique ; je ne montrais ma production quasiment à personne. Ces deux illustres peintres me rapprochaient de la Provence qui m'est chère, berceau de ma famille où je n'ai pourtant pas grandi.
Mes études médicales puis ma profession de médecin-journaliste et ma vie familiale m’ont pendant un temps éloignée de palettes et chevalets. Mais mon goût pour la pratique des arts n’a jamais disparu. Insidieusement j’ai recommencé à faire quelques toiles. A cette époque j’utilisais la peinture à l’huile, alternant travail au pinceau et travail au couteau. Les paysages étaient mon thème favori, mon mentor Nicolas De Staël. Mais je ne m’étais toujours pas décidée à débuter un véritable apprentissage en m’inscrivant à un cours.
Ce pas, je l’ai franchi il y a près d'une quinzaine d’années. Incapable d’exprimer « sans cadre » ce que je ressentais, j’étais condamnée à imiter les œuvres des artistes qui faisaient écho à ma sensibilité. Je me sentais prisonnière des tableaux qui m’inspiraient. 
J’éprouvais le besoin de me libérer par l’apprentissage, de me donner les moyens de m’exprimer. Comment parler une langue étrangère sans en acquérir les bases et sans s’immerger dans la vie quotidienne de la contrée en question ? Au pays des peintres, il me fallait non seulement me confronter avec le b.a.-ba du dessin, du geste, des matières, des couleurs, mais aussi côtoyer des artistes dans toute leur diversité. 
J’ai la chance que la ville de Boulogne-Billancourt où j’habite depuis plus de vingt ans mène une politique culturelle et artistique particulièrement dynamique. Le choix des cours et des activités y est large. 
Je me suis donc inscrite aux ateliers d’arts plastiques de la ville dans la section « dessin-peinture ». Au fil des années et des différents professeurs dont j’ai suivi l’enseignement, j’ai élargi mes connaissances, découvert plusieurs techniques et affermi ma pratique. J'ai également fréquenté assidûment un atelier de modelage qui m'a permis de me familiariser davantage avec les formes et la matière. 
Sans abandonner totalement la peinture à l’huile, je me suis principalement tournée vers la peinture acrylique qui correspond mieux à ma façon d’opérer. 
Puis est arrivé le moment où j’ai éprouvé le besoin de sortir d’un cadre pédagogique pour rejoindre un « atelier d’artistes » offrant l’aiguillon de la diversité des pratiques créatrices. J’ai trouvé cette émulation stimulante dans les ateliers de peinture du Centre d’Animation Boulonnais que je fréquente depuis plusieurs années.
Ainsi, depuis une quinzaine d’années et plus particulièrement depuis cinq ou six ans, ma façon d’aborder la peinture a évolué. Je privilégie les brosses larges, les spatules et les cartes plastifiées qui m’obligent à considérer mon sujet en aplats colorés qui se superposent, se chevauchent ou se juxtaposent. La peinture acrylique utilisée pure ou associée à un médium d’empâtement donne sa matière au tableau. J'aime les couleurs chaudes, gaies qui s'accordent sans se heurter. 
Ayant acquis de l'assurance et stimulée par le groupe, j'ai élargi les thèmes abordés. Les paysages et les ciels de Provence influencent encore ma palette. Des femmes, souvent de dos, fondues dans l'ambiance colorée de la toile, se sont invitées dans mon répertoire. Des séries sur le bain ou la toilette m'ont un temps occupée. 
Simultanément l'idée des toiles ou des personnages qui se répondent a pris de l'importance dans mon esprit. Cela s'est traduit par un travail en diptyque et/ou par la juxtaposition d'un personnage peint et de son double représenté par un simple trait (fusain ou peinture). Cette façon d'opérer s'est prolongée lorsque j'ai abordé d'autres thèmes comme le travail des tissus, des plis traduisant les mouvements des personnages.
 Quoi de plus dynamique que des jeux d'enfants. Poursuivant ma recherche sur le mouvement et les tissus, je me suis naturellement intéressée aux saynètes d'enfants jouant sur la plage ou dans les champs au milieu de draps qui sèchent dans le vent. Et dans mes derniers diptyques, c'est encore le vent dans le bleu azur d'un ciel de Provence qui anime des cerfs-volants actionnés par des fillettes sur une plage ou qui permet aux hommes de voler avec les grands oiseaux migrateurs.

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